Le Château Aragonais

Tous les châteaux fascinent, mais le Château Aragonais d’Ischia qui semble surgir de la mer est encore plus mystérieux, séparé comme il est du reste de l’île avec laquelle il garde quand même un lien qui va au-delà du pont –  véritble cordon ombilical l’unissant physiquement à Ischia Ponte. 

Son ancien nom de “insula minor” qui l’opposait à l'insula major, exprime bien son être un lieu différent, une petite île à côté de l’île mère.  Mais c’est juste cette insularité ultérieure qui a permis au Château de garder le genius loci, l’identité historique d’un territoire plus vaste.  La plupart des évènements, des batailles et de la vie courtoise d’Ischia a eu lieu ici, sur ce rocher entouré par la mer, et ceci saute aux yeux même pour ceux qui ne connaissent pas son histoire.  Il suffit de jeter un seul regard au Château Aragonais pour remonter en arrière dans le temps, dans un Moyen Age fantastique ou dans un cénacle de la Renaissance, des époques qui ont laissé ici bien de traces.

Les anciens remparts, les églises, les bastions du Château ont été bâtis pour la plupart entre le 14ème et le 17ème siècle.  Ils se camouflent parfaitement avec la roche sombre et dentée de l’îlot, qui constitue en même temps un extraordinaire jardin intra muros.  Monter au Château Aragonais signifie découvrir un autre monde : le visage sévère et fermé qu’on saisit d’en bas cède la place à une citadelle faite de potagers ensoleillés et de ruelles débouchant toujours sur des vues stupéfiantes.  Vu d’en haut, Château semble sourire, tant qu’il est animé d’oiseaux de mer et de gros chats, d’oliveraies et de vignobles.  En dépit de ce que disait Ariosto, le Château est aujourd’hui prenable par tous ceux qui grimpent à pied (ou par ascenseur) ses 113 mètres.

Car ce n’est que de là haut que vous entrez dans l’histoire d’Ischia.

Enveloppées dans le mystère du temps, cathédrales et églises du 16ème siècle vous attendent, ainsi que les catacombes décorées de fresques, les arcs et les voûtes, les remparts de toutes les époques et les prisons bourboniennes.  Le silence du Château parle avec des mots en forme d’architecture, comme un gigantesque livre en pierre à feuilleter sans hâte.